La semaine dernière je vous parlais des merveilles d’hiver au jardin. Les colorations des bois, les floraisons qui bravent le froid et l’humidité, les chaumes des vivaces, qui figées par le gel donnent des scènes de pure féerie. Cette fois, faisons un focus sur le grand classique de la saison (pas si!) morte : les persistants.

Car oui, dans l’esprit de la plupart des gens, un beau jardin toute l’année c’est un jardin avec beaucoup de plantes persistantes. Vous l’aurez compris au fil de mes articles et en regardant mes créations, ce n’est pas vraiment un avis que je partage. Je m’explique :

 

Les grands persistants figent le jardin

 

Certes, rien de plus majestueux qu’un sequoia ou un cèdre du Liban au milieu de son parc, mais bon, pour le quidam de base qui possède 500m² (surface moyenne française), ces sujets ne sont guère envisageables. On peut sans conteste avancer que les thuyas (malheureusement en haie, alors qu’il s’agit d’un arbre magnifique dans la vraie vie) et les lauriers palme sont largement plus répandus. Ils sont là toute l’année, mais aussi ils sont identiques toute l’année ! A l’exception des bambous, du chèvrefeuille x purpusii et des lianes, ils ont ce coté figé, immobiles, bref, inexpressifs. Leur floraison est souvent discrète, lorsqu’elle ne passe pas carrément inaperçue. Il y a bien les plantes de terre de bruyère pour se faire remarquer de ce côté là, mais elles sont inadaptées à nos sols calcaires et requièrent pour un développement satisfaisant la réalisation de fosses de terre acides. Peut-on encore se payer ce luxe à l heure de l’urgence écologique ? Et alors qu’il y a tant d’alternatives….

Toutes ces haies et arbustes n’ont d’ailleurs pas grand intérêt non plus pour la faune. Certes, certains arrivent à y trouver un abris mais ces plantes stérilisent les sols et n’ont pas de valeur alimentaire. A l’exception notable des indigènes : lierre, if et laurier tin. Car ce sont finalement les seuls représentants de cette catégorie à être originaires de nos contrées, et donc à participer à l’écosystème local.

Et ça tombe plutôt bien, vu que je les trouve pour le coup intéressants….

les arbustes persistants structurent le jardin en hiver et sont des brise-vues de première catégorie

 

 

Le laurier tin par exemple, a non seulement le bon goût de garder son feuillage, mais en plus il se couvre en fin d’hiver d’un manteau de fleurs blanches ! L’if, lui, se prête parfaitement à la taille en nuage, apportant fantaisie et légèreté. Le lierre, dans ses nombreuses variétés, décline toute une gamme de verts et part à l’assaut des murs, même nord, sans jamais faiblir. Il est un couvert précieux pour les insectes en hiver, et nourrit les abeilles en automne, lorsqu’elles ne trouvent quasiment plus rien à se mettre sous la dent.

Même certains persistants exotiques trouvent grâce à mes yeux :

  • les bambous qui dansent dans le vent tout en protégeant merveilleusement des regards voisins sans emprise au sol considérable,
  • le chèvrefeuille x purpussi, évoqué plus haut, qui non seulement garde son feuillage malgré les gelées blanches, mais encore fleurit au milieu de janvier. Lui aussi allie légèreté et capacité d’occultation,
  • le magnolia grandiflora, qui constitue un point de focale exceptionnel dans un jardin dénudé par le froid.

 

Donc introduisons des persistants au jardin, mais pas n’importe lesquels, et surtout surtout…pas n’importe comment. Oui, ceci est un manifeste pour la fin des haies monospécifiques de lauriers palme et autre thuyas ! Outre l’aspect esthétique malheureux à mon goût, pensez bien à l’entretien de ces clôtures vertes. Un sacerdoce qu’il faudra endossé tous les ans impérativement…Et un coup financier exponentiel au fil des années si vous le faites faire.

Bref, passons à d’autres forme de jardin !

  

Les vivaces persistantes illuminent le jardin en hiver

Scène de fougères pour cette terrasse plein nord

 

 

 

 

 

Après les grands sujets, voici mes préférées, les humbles vivaces. Ici aussi, ce sont elles qui offrent la plus grande diversité de formes et de couleurs :

  • certaines variétés de fougères étalent leur luxuriance jusqu’au milieu de l’hiver,
  • les hellébores fleurissent de décembre à février,
  • le splendide feuillage des acanthes ne disparaît que par grand froid,
  • les ophiopogons, les asarums, les violettes, les rosettes des digitales et des verbascum, les plumeaux des fenouils et tous les petits arbustes méditerranéens….

La liste est longue de tous ces petits bijoux. Et déjà le printemps pointe son nez avec l’apparition de tous les feuillages vert tendre des bulbes : perce-neige, allium, muscari, jonquille et autres narcisse….

 

Je vous le dis : on tient le bon bout !